Un rapport récent des Nations Unies, publié le 26 août 2025, tire la sonnette d'alarme sur la persistance de la crise mondiale de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Il révèle qu'un quart de la population mondiale, soit plus d'un milliard de personnes, vit toujours sans accès à des services d'eau potable gérés en toute sécurité. Cette situation met en lumière un retard significatif dans l'atteinte de l'objectif d'accès universel d'ici 2030, un but qui devient de plus en plus difficile à réaliser.
En 2024, 106 millions de personnes dépendaient encore de sources d'eau de surface, telles que les rivières et les lacs, pour leur approvisionnement. Ces conditions d'accès à l'eau, souvent non traitée, exposent des milliards d'individus à un risque accru de maladies. Rodger Kirsch, à la tête du département Environnement de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a souligné que « l'eau, l'assainissement et l'hygiène ne sont pas des luxes: ce sont des droits humains fondamentaux ». Il a insisté sur la nécessité d'accélérer les efforts, particulièrement en faveur des populations les plus vulnérables et souvent négligées.
Depuis 2015, des progrès ont été réalisés, avec 961 millions de personnes ayant gagné l'accès à des services d'eau potable gérés en toute sécurité, faisant passer la couverture de 68 % à 74 %. Cependant, 2,1 millions de personnes restent privées de ces services essentiels. Le nombre de pays ayant abandonné les sources d'eau de surface pour leur approvisionnement est passé de 142 en 2015 à 154 en 2024, un signe encourageant. Néanmoins, 28 pays continuent de voir plus d'un quart de leur population privée de services d'eau potable de base, une situation particulièrement critique en Afrique.
Concernant l'assainissement, 1,2 million de personnes ont bénéficié de services gérés en toute sécurité depuis 2015, augmentant le taux d'accès de 48 % à 58 %. Ces services désignent des installations améliorées, non partagées, où les excréments sont éliminés ou traités en toute sécurité. Malgré ces avancées, le nombre de personnes dont les besoins sont satisfaits dans les zones rurales a diminué, passant de 429 millions à 354 millions en 2024.
Cecilia Sharpe, directrice de l'Eau, de l'Assainissement et de l'Hygiène à l'UNICEF, a mis en lumière les disparités frappant particulièrement les filles, souvent chargées de la corvée d'eau et exposées à des risques supplémentaires. Elle a souligné que « le rythme actuel rend la promesse d'un accès à l'eau potable et à l'assainissement pour chaque enfant de plus en plus lointaine ».
Ces constats interviennent à l'approche du quatrième Forum mondial de l'eau des Nations Unies en 2026, où les stratégies pour accélérer l'accès à l'eau et à l'assainissement seront au cœur des discussions. L'enjeu de l'accès à l'eau et à l'assainissement est intrinsèquement lié au développement économique et à la santé publique. Les données montrent que la pénurie d'eau, exacerbée par le changement climatique et la croissance démographique, pourrait toucher 1,8 milliard de personnes d'ici 2025, avec deux tiers de la population mondiale en situation de stress hydrique. Les efforts doivent donc se concentrer sur des investissements accrus, le renforcement des capacités, l'innovation et une meilleure coordination entre les parties prenantes pour garantir que personne ne soit laissé pour compte. L'eau est un pilier fondamental pour la dignité humaine, la santé et le progrès sociétal.