Accord controversé: L'Ouganda, destination potentielle pour un déporté américain, soulève des questions éthiques et juridiques

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Un accord récent entre l'Ouganda et les États-Unis, visant à accepter des personnes déportées par l'administration américaine, a déclenché une vive controverse. Au cœur de ce débat se trouve le cas de Kilmar Abrego Garcia, un ressortissant salvadorien résidant dans le Maryland, qui pourrait être transféré en Ouganda, un pays d'Afrique de l'Est avec lequel il n'a aucun lien.

Kilmar Abrego Garcia s'est présenté volontairement aux services d'Immigration et de Contrôle des Douanes (ICE) à Baltimore le 25 août 2025. Il fait face à une potentielle expulsion vers l'Ouganda, une mesure qui s'inscrit dans une stratégie plus large des États-Unis visant à externaliser la gestion des flux migratoires. Abrego Garcia, qui vit aux États-Unis depuis 14 ans, avait déjà été expulsé par erreur vers le Salvador en mars 2025, avant d'être ramené aux États-Unis en juin pour y être détenu dans le cadre d'accusations de trafic d'êtres humains. Ses avocats contestent ces accusations, les qualifiant de non fondées et de représailles. Une action en justice a été déposée pour contester sa détention et son éventuelle déportation, et un juge a émis une injonction temporaire suspendant toute expulsion immédiate.

L'accord entre les États-Unis et l'Ouganda, bien que décrit comme un arrangement temporaire, a été conclu sans grande transparence. Les conditions stipulent que seuls les déportés sans casier judiciaire et ne s'agissant pas de mineurs non accompagnés seront acceptés. L'Ouganda a également exprimé une préférence pour l'accueil de ressortissants africains. Cette politique s'inscrit dans une tendance où les États-Unis cherchent des partenaires pour gérer les flux migratoires, s'appuyant sur des accords de « pays tiers sûrs », similaires à ceux déjà conclus avec le Rwanda et le Soudan du Sud.

Les critiques, tant en Ouganda qu'à l'international, s'inquiètent des implications de cet accord. Des organisations de défense des droits humains soulignent les préoccupations relatives aux abus potentiels en Ouganda, pays dont le propre bilan en matière de droits humains est sujet à caution. Le manque de supervision parlementaire sur l'accord ougandais soulève également des questions quant à la diligence raisonnable et à la responsabilité. De plus, l'Ouganda, qui accueille déjà une population importante de réfugiés, pourrait voir ses ressources mises à rude épreuve par l'arrivée de nouveaux migrants.

Sur le plan juridique et éthique, ces accords de déportation vers des pays tiers soulèvent des questions fondamentales concernant le droit d'asile et le principe de non-refoulement. Bien que la Cour suprême américaine ait autorisé l'administration à procéder à des expulsions vers des pays tiers avec un préavis limité, les défenseurs des droits humains soutiennent que ces pratiques peuvent violer les garanties de procédure régulière et exposer les migrants à des dangers accrus. L'affaire Abrego Garcia illustre ainsi les dilemmes complexes auxquels sont confrontés les systèmes d'immigration mondiaux face à une politique de plus en plus restrictive.

Sources

  • Al Jazeera Online

  • The US wants to deport Abrego Garcia to Uganda. Critics there say the murky deal 'stinks'

  • What has happened in Kilmar Abrego Garcia's case so far

  • What to know about Trump deportation policies that could send Kilmar Abrego Garcia to Uganda

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