Mercredi, des négociations cruciales visant à établir un cessez-le-feu au Soudan ont commencé en Suisse, facilitées par les États-Unis, qui sont déterminés à aller de l'avant même sans la participation de l'armée soudanaise. Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit dévastateur entre l'armée dirigée par Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (FSR) sous l'ancien adjoint Mohamed Hamdan Dagalo, poussant la nation au bord de la famine.
Fin juillet, Washington a invité les deux parties belligérantes à une nouvelle série de pourparlers, désormais en cours, pour tenter de mettre fin à la violence qui perdure depuis près de 16 mois. L'envoyé spécial américain pour le Soudan, Tom Perriello, a confirmé que les FSR avaient exprimé leur volonté inconditionnelle de participer. Cependant, les autorités soudanaises, dirigées par l'armée, ont montré des réticences concernant l'invitation américaine à des négociations à Genève, suggérant qu'elles pourraient ne pas y assister.
La direction soudanaise reste sceptique quant à la viabilité d'une plateforme de négociation en dehors de celle établie à Djeddah. Néanmoins, Perriello a souligné que ces pourparlers sont une extension des discussions précédentes. Il a noté que les négociations se poursuivraient avec ou sans la participation de Khartoum, bien qu'il ait reconnu que l'absence de représentants gouvernementaux compliquerait les efforts de médiation formelle, déplaçant l'accent sur des questions pratiques.
Les divisions internes majeures au sein de l'armée compliquent encore la situation. Des pourparlers préliminaires ont eu lieu à Genève du 11 au 19 juillet, médiés par l'envoyé de l'ONU Ramtane Lamamra, axés sur l'aide humanitaire et la protection des civils. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré que l'objectif de ce nouveau tour de pourparlers est d'atteindre un cessez-le-feu à l'échelle nationale, de faciliter l'accès humanitaire et d'établir un mécanisme de surveillance robuste pour garantir le respect de tout accord conclu.
Selon Alan Boswell, responsable du groupe de crise pour la Corne de l'Afrique, la reprise des pourparlers constitue une avancée significative, aucune négociation formelle n'ayant eu lieu depuis l'année dernière. Cependant, il a souligné que la participation de l'armée est peu probable en raison de divisions internes importantes au sein du camp de Burhan. Si les représentants militaires ne participent pas, les diplomates devront ajuster leurs objectifs, tandis que Burhan pourrait faire face à une pression extérieure croissante s'il est considéré comme le principal obstacle à la fin du conflit.
Les pourparlers en Suisse, qui doivent durer jusqu'à 10 jours dans un lieu non divulgué pour des raisons de sécurité, se déroulent dans un contexte où l'Organisation internationale pour les migrations a averti que le Soudan est à un 'point de rupture' catastrophique et fait face à de multiples crises menaçant la vie de dizaines de milliers de personnes. La guerre en cours a poussé le pays au bord de la famine, l'ONU signalant des dizaines de milliers de morts.
Du Soudan, le porte-parole de l'UNICEF, James Elder, a souligné l'urgence d'un cessez-le-feu, racontant une conversation avec un chirurgien qui n'a pas été payé depuis 16 mois et a effectué des opérations sur des enfants blessés ou tués en jouant au football. Elder a déclaré : 'Si ceux qui mènent cette guerre voyaient ces blessures et ces enfants qui sont morts, ils trouveraient un moyen de s'asseoir et de discuter.'