Le maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu, a été condamné le 16 juillet 2025 à une peine de prison pour avoir prétendument insulté un fonctionnaire. Cette décision soulève des questions sur l'état de droit et l'indépendance de la justice en Turquie.
İmamoğlu, membre du Parti républicain du peuple (CHP), a été reconnu coupable d'avoir insulté et menacé le procureur général d'Istanbul, Akin Gurlek, suite à des déclarations faites en janvier 2025. Il a été condamné à un an et huit mois de prison. Le maire a nié les accusations et a annoncé son intention de faire appel de la décision.
Cette condamnation intervient dans un contexte de répression accrue contre les voix dissidentes en Turquie. Depuis octobre 2024, le gouvernement a lancé une série d'enquêtes contre le CHP, entraînant l'arrestation ou l'emprisonnement de centaines de personnes, dont 14 maires et plusieurs employés municipaux. Les autorités affirment que ces actions visent à lutter contre la corruption, tandis que les critiques estiment qu'elles sont politiquement motivées et portent atteinte aux principes démocratiques.
La situation a également eu des répercussions économiques. Suite à l'arrestation d'İmamoğlu en mars 2025, la livre turque a chuté de 12,7 %, atteignant un niveau record de 42 livres pour un dollar américain. Bien que la monnaie se soit depuis stabilisée autour de 38 livres pour un dollar, la confiance des investisseurs étrangers reste fragile. En réponse, la Banque centrale turque a vendu 25 milliards de dollars de devises étrangères pour tenter de stabiliser la monnaie nationale.
Les manifestations en soutien à İmamoğlu ont été nombreuses, avec des centaines de milliers de personnes se rassemblant à Istanbul pour protester contre son arrestation et sa condamnation. Les autorités ont réagi en interdisant les rassemblements et en procédant à des arrestations, suscitant des inquiétudes quant au respect des libertés fondamentales en Turquie.
La condamnation d'İmamoğlu représente un défi majeur pour les valeurs démocratiques en Turquie. Elle soulève des questions sur l'indépendance de la justice, la liberté d'expression et le droit à la critique. L'avenir politique du pays dépendra de sa capacité à garantir un environnement démocratique où les droits de tous les citoyens sont protégés.